Contexte

La recherche ou la mise en application de travaux sur la cartographie cognitive a pris son essor au moment où le cognitivisme s’est affirmé comme un paradigme scientifique. Les travaux de l’urbaniste Kevin Lynch (1960) sur trois villes nord-américaines ont largement contribué à impulser ces recherches sur la cognition spatiale. Depuis lors, les méthodes et surtout les disciplines scientifiques qui s’y réfèrent sont toujours plus nombreuses. Si la psychologie environnementale ou cognitive (Canter et tagg, 1975, Piaget et Inhelder, 1948), la géographie humaine (Tobler, 1976), la sociologie urbaine (Lefebvre, 1974), la psychologie sociale (Milgram et Jodelet, 1976), l’anthropologie (Hall, 1971), mobilisent ces représentations spatialisées de l’environnement humain depuis maintenant plus d’un demi-siècle, d’autres disciplines, comme par exemple la science politique (Breux, 2008 ; Breux et al, 2010), s’y intéressent également bien que ce soit plus récent.

L’objet central des représentations spatiales est l’espace géographique, quand bien même ces représentations sont également en lien avec d’autres représentations sociales. Ces représentations spatiales, initialement envisagées comme individuelles et subjectives, sont de plus en plus abordées comme des constructions sociales (des représentations socio-cognitives). C’est dans cette direction que nous souhaitons orienter les convergences des travaux scientifiques mais aussi ceux qui se pratiquent en dehors de ce champ : pédagogie, art, processus participatifs, etc.  En effet, bien que ces représentations soient progressivement envisagées comme des constructions sociales, paradoxalement, les méthodes de restitution collective de ces représentations sont rares, notamment dans le champ scientifique. La passation est généralement envisagée individuellement et le chercheur compile éventuellement les entretiens pour obtenir une « image spatiale statistique », une synthèse graphique. D’autres travaux, généralement plus proches de la « recherche-action », tendent à mettre en place une procédure de construction collective, mais souvent, seule une personne restitue les éléments géographiques sur la feuille ou sur le plateau autour desquels l’ensemble des participants se placent. Une autre procédure consiste à travailler à partir de focus groups sur des énoncés verbaux puis, dans un second temps, le chercheur cartographie l’entretien collectif. Enfin, à notre connaissance, plus rares sont les procédures où plusieurs personnes construisent ensemble et simultanément la représentation d’un espace géographique donné.

Pourquoi est-ce si rare ? Est-ce une question de point de vue (théories et/ou épistémologies) ou de facilité de recueil de l’information recherchée ? Est-ce les questions et les problématiques abordées, voire les objectifs poursuivis qui nous incitent à imaginer un recueil individualisé ? Dans quelles conditions peut-on recueillir et à quelles fins peut-on analyser des représentations collectives ?

 

 

 

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